NOS ATHLÈTES DE HAUT-NIVEAU
Le Stade Français est un club sportif dont la vocation première est l’éducation des jeunes par le sport.
Riadh Tarsim : objectif or aux JO de Paris 2024
Double champion du monde de paracyclisme et médaillé d’argent au JO de Tokyo, Riadh Tarsim est déterminé à gagner toujours plus de titres et cette année, il est en route pour les Jeux Olympiques de Paris, où il espère remporter l’or.
C’est en 2006, après un accident en montagne et une fracture de la colonne vertébrale ce qui le rend paraplégique que le natif de Zarsif, en Tunisie, a ses premiers contacts avec le handbike. « J’ai un ami, lui aussi en fauteuil, que j’ai initié au basket et, petit à petit, il s’est tourné vers le paracyclisme et m’a intégré dans cette discipline. Dès le départ, j’ai tout de suite adoré. Quand vous êtes en fauteuil, vos déplacements sont limités, alors qu’en paracyclisme on a l’impression de se dépasser. On peut atteindre des pointes de vitesse jusqu’à 150 km/h, c’est un sport incroyable. »
Maintenant reconnu comme l’un des meilleurs de sa discipline, le membre de l’équipe de France prépare intensément les deux prochaines étapes de Coupe du Monde et espère décrocher son ticket pour les prochains JO de Paris.
« J’espère pouvoir briller pour le club et la ville »
Riadh Tarsim, dont le parcours sportif est suivi avec intérêt par la ville de Paris (vidéo de présentation), évolue au sein du Stade Français et représente un espoir de médaille pour nos athlètes handisport. Alors que les Jeux Olympiques de Paris se rapprochent à grands pas, cet athlète a à cœur de se préparer au mieux pour réaliser ses rêves olympiques, la médaille d’or. « J’évolue au Stade Français, club qui a toujours su m’encadrer et m’accompagner dans mes courses, j’espère pouvoir briller pour le club, pour la ville, ça me tient vraiment à coeur.»
Pour espérer faire partie de la sélection française l’été prochain, Riadh devra briller sur les deux dernières étapes de Coupe du Monde en Italie et en Belgique et après, il pourra exclusivement s’entraîner sur un parcours qu’il a déjà rencontré. « J’ai fait une première reconnaissance en voiture, la piste correspond parfaitement à ma morphologie, il y a 2 bosses d’environ 1km et 800m avec un final après la bosse. Ça risque d’être une course intense, je vais m’entraîner sur cette zone, car il faut que je gagne.»
« Le savoir permet l’anticipation »
Comme dans le sport, Riadh Tarsim brille dans le monde du travail. À la tête d’une entreprise de transport routier, qu’il a créée en 1996, l’athlète français ne se fixe pas de limite. « Nous étions 7 quand j’ai eu l’accident, maintenant nous sommes plus de 150 salariés, je veux montrer que c’est possible.» Et pour en rendre compte, il intervient auprès de la jeunesse, mardi 7 novembre encore, il était l’invité d’une école primaire pour sensibiliser et mobiliser la jeunesse à l’inclusion. « C’est très important pour moi de transmettre. Je pense que le savoir permet l’anticipation, lorsque j’ai eu mon accident, je me suis remis très rapidement (en 4 mois) là où certains mettent des années, car je connaissais déjà le monde du handicap. »
En dépit de son emploi du temps très chargé, Riadh est toujours disponible pour le club, pour faire passer des messages auprès de nos jeunes.
Mathis POIROT GODOY
Stéphanie Gicquel
Écrivaine, avocate, sportive de haut niveau, Stéphanie Gicquel n’a que 41 ans mais on peut croire qu’elle a vécu plusieurs vies. Originaire de Carcassonne, elle a toujours été passionnée par le sport, sans se rendre compte des capacités qu’elle possédait. « À l’école, je gagnais beaucoup de cross. J’ai gagné mes premiers championnats de France sans entraînement spécifique, mes inspirations étaient souvent dans ce que j’observais, j’ai compris tard que je pouvais être sportive de haut niveau». Mais avant d’en prendre conscience, Stéphanie a commencé par des études de droit, après avoir obtenu son diplôme et réussi le barreau, elle s’est engagée dans une carrière d’avocate d’affaires.
Elle a jonglé avec succès pendant près de 10 ans entre les exigences du monde juridique et son amour pour la course d’endurance, mais progressivement la future membre de l’Equipe de France, choisira de quitter ce travail pour devenir athlète de haut niveau. « La transition a été assez fluide. Quand j’étais jeune, mon rêve était de voyager, c’était ancré en moi. J’ai toujours eu conscience que la vie est courte et qu’il faut aller vers ce qui nous fait vibrer, c’est ce que j’ai décidé de faire. » Sa ténacité et sa persévérance l’ont propulsée vers des succès notables, y compris deux titres de championne de France des 24 heures en 2018 et 2022. Elle est également la détentrice du record de France des 24 heures, ayant parcouru une impressionnante distance de 253,58 kilomètres.
Objectif moins de 8 heures
Le 30 septembre dernier, elle battait un nouveau record sur l’un des 100km les plus célèbres de France, celui de Millau en 8h21’33. « La course s’est bien passée au niveau des jambes, j’ai été surprise, j’avais les jambes de feu. Par contre, au niveau du haut du corps, un peu plus compliqué. J’ai été en hyperglycémie, ce qui a été pénalisant. Sans ces problèmes, et avec une préparation adéquate, je peux passer sous la barre des 8 heures».
Son talent l’a également conduite à la scène internationale. En 2022, Stéphanie Gicquel a remporté le titre de vice-championne d’Europe des 24 heures. Elle a aussi représenté la France en tant que vice-championne du monde de 100 km.
Mais Stéphanie Gicquel est bien plus qu’une athlète d’ultra-fond, elle est une exploratrice intrépide. En 2015, elle a établi un record en réalisant le plus long raid à skis jamais accompli par une femme en Antarctique (2 045 km en 74 jours). Elle est aussi la première française à avoir couru un marathon autour du pôle Nord par −30 °C.
« ll faut apprendre à se connaitre soi-même »
Figure de l’adaptation en conditions extrêmes, elle participe régulièrement à des travaux avec des experts (INSEP…) sur la capacité d’adaptation du corps humain aux épreuves d’endurance et aux stress environnementaux. Les résultats de ces études font l’objet de publications dans des revues scientifiques et sont partagés dans des événements. «Je regrette qu’il n’y ait pas plus de cours sur l’importance du corps humain, comment fonctionne-t-il ?, le lien corps esprit, pourquoi fait-on du sport à l’école ?
On attache beaucoup d’importance aux matières devenues essentielles, mais il faut apprendre à se connaitre soi-même pour être en bonne santé, pour éviter un maximum de problèmes. »
C’est pourquoi, en plus de ses réalisations dans le domaine de la course, de l’écriture… Stéphanie Gicquel réalise des conférences et intervient auprès d’entrepreneurs et de la jeunesse. Elle considère ces activités comme une responsabilité importante, sachant que son parcours unique peut inspirer la prochaine génération. «Je veux également transmettre qu’il faut croire en ses rêves. Il y a eu tellement de fois où on me disait que c’était impossible, j’aurais pu abandonner et j’ai persévéré, ça me semble indispensable d’aller à la rencontre et de dire qu’on peut tous y arriver».
Pour l’année à venir, Stéphanie compte bien continuer de repousser ses limites et rêve de nouveaux records. Elle souhaiterait, améliorer le record du monde sur 24h, se préparer exclusivement à un marathon ou encore améliorer son record sur les 100km de Millau… nous devrions encore entendre parler d’elle.
Pour plus d’informations sur le parcours de Stéphanie Gicquel rdv sur son site internet .
Mathis POIROT GODOY
Marion Rafin, des dilemnes à venir
Elle n’a que 16 ans et elle fait partie des 15 meilleures épéistes françaises de sa catégorie. Notre Stadiste, Marion Raffin, brille chaque week-end sur des compétitions à travers la France, mais à partir de l’année prochaine, un dilemme se pose à elle, allier sport de haut niveau et étude, « c’est un très gros investissement, il va falloir que je fasse des choix. »
Avant de se tourner vers l’escrime, Marion a exploré divers sports comme l’équitation et le tennis. Mais c’est à l’âge de 10 ans, lors d’un repas de famille, que sa curiosité l’a conduite à découvrir cette discipline. « La fille de mon parrain pratiquait, elle m’a donné envie de la suivre et depuis, je ne me suis plus arrêtée. »
Très douée dès ses débuts, elle a terminé à la 2ème place de la plus grande compétition internationale de sa catégorie en 2018, alors qu’elle n’avait qu’une petite année d’expérience. « Elle a beaucoup de talent, elle a commencé au Stade et a très vite atteint un bon niveau. Elle peut faire encore mieux », nous confie son coach.
« Il y a des solutions »
Actuellement en classe de terminale, cette progression pourrait peut-être ralentir dès la rentrée prochaine. Aussi douée dans ses études qu’avec une épée, Marion souhaiterait devenir chirurgienne et espère pouvoir continuer à concilier ces deux disciplines, essentielles à sa vie. «Pour l’instant, je mise plus sur l’école que sur l’escrime. J’ai vu certains établissements qui proposent une année à faire sur 2 ans, il y a des solutions. »
Trouver un équilibre entre ses passions sportives et académiques est devenu un défi quotidien. Elle explore des stratégies pour gérer son temps de manière plus efficace, utilisant les moments entre les cours et les déplacements pour se concentrer sur ses devoirs. Par chance, elle peut également compter sur le soutien de ses enseignants, « mes profs restent très compréhensifs, quand j’ai des examens et que je suis en compétition, je peux les déplacer ou les rattraper. »
Objectif Equipe de France
Bien que ce choix ne soit pas facile à préparer, Marion est une jeune escrimeuse ambitieuse qui s’est fixé un objectif : intégrer l’équipe de France. Une aspiration qui ajoute une couche supplémentaire à un emploi du temps déjà très complet. « Il faut que je continue de beaucoup travailler, mais je pense que c’est réalisable », affirme-t-elle.
Pour y arriver, elle s’entraîne 3 à 4 fois par semaine en fonction des compétitions et effectue de nombreux déplacements à travers la France et l’international. À plusieurs reprises, elle a participé à la Coupe du Monde et s’est classée autour de la 30ème position. Une performance qu’elle considère un peu «décevante », mais qui représente une belle préparation pour la jeune Stadiste, présente sur liste ministérielle (pour être reconnu sportif de haut niveau, un athlète doit être inscrit sur liste ministérielle, agencées par le ministère des Sports).
En plus de ce statut, Marion peut également compter sur le soutien de son entourage. Ses parents, bien que conscients des défis qui se présentent à elle, encouragent son rêve. Son entraîneur, également conscient des exigences, continue de la pousser à donner le meilleur d’elle-même à chaque entraînement et à chaque compétition. «J’aurais pu peut-être intégrer des pôles comme celui d’Aix-en-Provence où j’ai fait plusieurs essais, mais ça ne me convenait pas. « C’était marche ou crève ». Ce que j’aime au Stade Français, c’est la proximité. Le cadre du Stade Français me correspond beaucoup plus. Je connais mon maître d’armes depuis le début, donc nous avons une très bonne relation. »
Le dilemme de Marion reflète le défi que de nombreux jeunes talents rencontrent. Trouver l’équilibre entre la passion pour le sport et l’engagement académique, ce qui exigera d’elle, d’être en garde…
Lucie Belbeoch : Paris 2024 dans le viseur
De la danse, de l’escrime, de la natation… Lucie Belbeoch a pratiqué de nombreuses disciplines avant de trouver sa vocation. C’est en voulant suivre les traces de son frère, que la native de Brest fait ses premiers pas sur l’eau et se lie avec ce sport qui deviendra, quelques années plus tard, son quotidien.
Tout de suite, la véliplanchiste montre des qualités indéniables et enchaîne les bonnes performances en compétition. Elle participe notamment, à son premier championnat de France minimes, l’année de ses débuts, et intègre quelques années plus tard le pôle espoirs voile de Brest et décroche ses premières médailles nationales.
« Je dois être prête dans tous les aspects »
C’est en 2018 que sa carrière prend un tournant. Lucie Belbeoch, s’installe à Paris pour continuer ses études à l’ESCP et intègre le Stade Français. « Un contact à la ligue de voile d’Île de france m’a proposé deux clubs, dont le SF. J’ai rencontré Jean-Philippe LE CHEQUER, président de la section, tout de suite, le courant est bien passé. Sa motivation, son dynamisme, m’ont donné envie, et le projet qu’il voulait mener me convenait parfaitement. Nous nous sommes directement très bien entendu car nous portions les mêmes valeurs». Un an plus tard, cette collaboration portait ses fruits puisque notre stadiste, intégrait l’Équipe de France de Voile !
Depuis, Lucie Belbeoch mène une vie très rythmée entre travail, dans une banque à Brest, et entraînement, 3 à 4 sorties de 2 heures en mer avec des travaux en salle pour le cardio et le renforcement musculaire. « La voile est un sport où il faut être très complet, je ne dois rien négliger car je dois être prête dans tous les aspects ».
« Il faut que je trouve une stabilité »
Le vrai objectif, depuis quelques années maintenant, pour Lucie Belbeoch, se déroule en France l’été prochain. Vainqueur de la première manche de Coupe du Monde à Palma en avril dernier, la membre de l’Équipe de France est consciente qu’elle est proche de réaliser son rêve, participer aux JO de Paris. « L’année 2023 est en dents de scie pour moi, je réalise ma meilleure performance de tous les temps à Palma, mais un mois plus tard, je termine 46ème lors des Championnats d’Europe. Ça me fait un peu douter mais il faut que je trouve une stabilité pour les prochaines échéances. »
Dans sa discipline, l’IQFoil, seulement un athlète par catégorie (H/F) représentera la France l’été prochain à Marseille. Les prochaines échéances donc, en Janvier et Avril 2024 à Lanzarote et aux Baléares pour la deuxième et troisième manche de Coupe du Monde, seront peut-être les plus importantes de la carrière de notre athlète. « Ces compétitions détermineront la fille qui sera sélectionnée. Nous sommes 4 à prétendre à cette place, je suis actuellement 2ème, il faut tout faire pour passer devant.»
En juillet dernier, Lucie était la seule française a participer au Test Event, cette compétition officielle organisée par Paris 2024 et dont l’objectif principal est de tester techniquement le site de compétition et de prendre ses marques dans un plan d’eau qu’elle connaît déjà très bien. « Depuis petite, je fais beaucoup de compétition à Marseille. C’est un plan d’eau très atypique, très technique. L’été, il y aussi des conditions climatiques à prendre en compte, il va falloir s’adapter, se préparer. »
On espère donc que Lucie « ne tombera pas » à l’eau et obtiendra son ticket pour l’été prochain.
Mathis POIROT GODOY
Joachim WALKER VIRY, objectif grand chelem !
À seulement 14 ans, Joachim Walker Viry est déjà classé 3/6 et fait partie des 10 meilleurs joueurs français de sa catégorie. Pour atteindre son rêve, devenir joueur professionnel, le licencié du Stade Français est sur la bonne voie, mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir.
C’est assez tardivement, à l’âge de 10 ans, que Joachim a tapé ses premières balles sur les courts de tennis. Avec son père, fan de ce sport depuis très jeune, il s’entraîne une fois par semaine sur le bord du périphérique. « Pour me tester face à l’adversité, on m’a challengé en m’inscrivant à des tournois. J’ai tout de suite été pris par ces sensations, donc j’ai continué plus intensément. »
Très rapidement, le jeune joueur gravit les échelons et, en recherche de club pour améliorer son niveau de jeu, il se fait repérer par Pierre Chamoret, entraîneur au Stade Français, et accroît son rythme d’entraînement. « J’ai directement remarqué ses qualités naturelles. Il est plutôt doué et a des facilités. Il ne faut pas qu’il se repose sur ça, mais c’est un joueur qui est fait d’un bois différent », explique son coach.
Aujourd’hui, le jeune joueur rêvant de remporter les 4 Grands Chelems s’entraîne 4 après-midi par semaine, alliant travail physique et technique pour développer au mieux son corps et son jeu. En complément, pour organiser son emploi du temps, il est en sports études, en classe de seconde, au lycée Claude Bernard dans le 16ᵉ arrondissement.
Aussi doué sur les cours qu’à l’école, Joachim a un an d’avance et souhaiterait intégrer une école américaine pour atteindre l’un de ses autres rêves, si le tennis de haut niveau n’aboutit pas, créer une voiture volante. D’ailleurs, ce n’est pas anodin si Elon Musk est l’une de ses sources d’inspirations.
« Il me manque le mental et je serai au top »
Mais malgré le potentiel évident et les qualités de Joachim, il est crucial que son entourage et lui-même évitent de brûler les étapes dans sa quête professionnelle. Les jeunes talents ont souvent tendance à se précipiter, sans se concentrer suffisamment sur leur développement à long terme. « Il ne faut pas que l’enfant le vive comme un échec si tout s’arrête. Il est encore très jeune, il faut le laisser vieillir, mais le prévenir pour ne pas tomber dans la dépression, la perte de confiance en soi… » Les années à venir seront donc charnières pour sceller la future carrière (ou pas) de ce jeune talent ayant pour modèle Holger Rune, actuel 8e joueur au classement ATP.
Il est clair, son entourage s’accorde à dire que Joachim peut espérer atteindre ses objectifs, mais une attention particulière doit être accordée à son encadrement et à sa préparation mentale. « Nous sommes dans une période de transition. L’année qui s’est écoulée, en termes de résultats et d’évolution personnelle, je ne la juge pas bonne. Il n’a pas progressé et je ne lui mettrai pas les encouragements, malheureusement. J’estime qu’il ne se remet pas assez en question. » juge son entraîneur. « Mais je reste assez confiant pour la suite et je pense que le travail va payer, car il aime le tennis. Il pourrait jouer 12 mois sur 12, par exemple, l’été dernier, ses résultats n’étaient pas bons, il a joué tout le mois d’août pour s’améliorer. » continue-t-il.
Se rendre compte et faire un travail sur soi à 14 ans peut prendre du temps, la rigueur exigée par son entraîneur est nécessaire pour mener Joachim vers le haut. Intégrer ces stratégies dans son parcours tennistique peut être la clé pour atteindre son plein potentiel, « il me manque le mental et je serai au top », reconnaît le participant des Petits As 2023.
En prenant conscience et cultivant une mentalité positive, il peut non seulement devenir un joueur de tennis de haut niveau, mais aussi un individu résiliant dans la vie de tous les jours prêt à relever tous les défis de la vie.
Mathis POIROT GODOY
Valentin Bertrand, le dernier saut pour une médaille aux Jeux
Valentin Bertrand est notre premier stadiste qualifié pour les Jeux de Paris depuis le 15 juillet dernier, date à laquelle il a décroché la 3ème place au saut en longueur (T37) lors des championnats du monde de para-athlétisme à Charléty. Cet exploit, couronne dix années d’efforts et permet au natif de Neuilly-sur-Seine de se qualifier directement aux prochains Jeux Paralympiques tout proches de chez lui, à Paris. Après deux 8ème places lors des Jeux de Tokyo et Rio, notre Stadiste vise plus haut.
Naviguant pendant de nombreuses années entre le tennis, le ski ou encore le foot, Valentin Bertrand découvre l’athlétisme à l’âge de 15 ans grâce à un ami. Arrivé sur le tard dans la discipline, il s’est rapidement distingué dans le sprint et le saut en longueur. «Je remercie Alexandre de m’avoir initié (rires). Au début je n’ai pas du tout adhéré, mais petit à petit, je me suis rendu compte des capacités que je pouvais avoir dans des compétitions et j’ai commencé à vraiment accrocher. » À la veille de ses 18 ans, il obtient sa qualification pour les Championnats du Monde élite à Lyon, simultanément à l’obtention de son baccalauréat.
Hémiplégique de naissance, avec une paralysie à 50 % de la jambe et du bras droits, Valentin Bertrand n’a jamais laissé son handicap entraver sa passion pour le sport. « Dans la vie d’un jeune enfant, il y a toujours des hauts et des bas. Il y a eu la période d’acceptation, très jeune, une fois que je me suis adapté ça allait beaucoup mieux. »
Depuis ses débuts, Valentin a toujours été licencié au Stade Français. Pour lui, entre autres, le club a développé une section handisport et lui a permis de s’entrainer et de tenir une régularité. « Le Stade ne m’a jamais lâché, je suis fier de représenter le SF car ce club prône de vraies valeurs. À l’image d’Aurély Gustave, qui continue encore de me suivre et de m’inscrire à des compétitions. Je lui suis et je serai au club toujours reconnaissant.»
« Dans les jeux paralympiques il y a jeu, il ne faut pas l’oublier »
En quelques années, Valentin Bertrand a accompli un parcours remarquable. Après des débuts au niveau international en 2013, il décide de se concentrer exclusivement sur le saut en longueur, délaissant le 400 mètres. Malgré son handicap, il évoque la nécessité de se mettre dans un état physique et mental optimal pour atteindre le plus haut niveau, tout en relativisant. « Ma devise est d’être sérieux sans se prendre au sérieux. Oui je m’entraîne tous les jours, je le fais sérieusement, mais je reste Valentin le mec qui fait des blagues à deux balles et qui aime passer du bon temps. J’espère que je reste la même personne avec et sans médaille. »
Depuis quelques années Valentin a pris du recul sur la situation, il est très heureux de pouvoir participer aux Jeux « chez lui » mais ne se met pas plus de pression que sur une autre compétition internationale. « Dans les jeux paralympiques il y a jeu, il ne faut pas l’oublier. On fait monter la sauce au vu de la grandeur de la compétition et on donne des émotions, mais on n’est pas des médecins ou des pompiers qui sauvent des vies tous les jours. »
En ce moment, notre athlète est en grande préparation pour l’échéance estivale et se prépare à Tenerife où il réalise une dizaine de séances par semaine alternant musculation, athlétisme, cardio ou encore des séances techniques de saut et de sprint. « Je suis avec un groupe hollandais et dans quelques mois je rejoindrai l’équipe de France pour m’entrainer à l’INSEP.»
« J’aime apprendre et partager »
Valentin Bertrand espère que le public reconnaîtra pleinement la valeur de l’handisport cet été, soulignant que les athlètes paralympiques atteignent des niveaux de performance exceptionnels. « Sur le 100m, le record du monde est de 10 secondes71 (T44), peu de valides le font ».
Au cours de ses dix années de compétition, il a observé des changements significatifs dans la perception de l’handisport, se réjouissant de l’évolution des mentalités. Il note également une professionnalisation croissante dans des pays comme la France, avec le soutien accru de sponsors. « Comme des valides nous sommes des professionnels, ça représente énormément de temps dans nos vies. »
Diplômé d’une licence STAPS et d’un master en management du sport, Valentin Bertrand a déjà pensé à sa reconversion. Il aime transmettre à la jeunesse et a déjà participé à de nombreuses conférences. « J’aime apprendre et partager mon savoir. J’interviens dans des collèges, lycées, universités. Voir des jeunes athlètes progresser, c’est également quelque chose que j’apprécie. » «Je me suis entrainé avec des plus jeunes, pouvoir leur donner des conseils, les aider comme je peux, c’est toujours motivant. L’éducation me tient à cœur car c’est quelque chose d’important pour moi. »
Dans l’attente des prochains Jeux paralympiques, Valentin Bertrand poursuit son entraînement avec une ambition claire « faire aussi bien qu’aux Championnats du Monde (médaille de bronze) voir mieux.»
Mathis POIROT GODOY
Alexandre Chalendar, l'un des espoirs natation française
Il a 17 ans et est considéré comme l’un des espoirs de la natation française. Alexandre Chalendar est un jeune nageur figurant sur liste ministérielle. Il a intégré l’INSEP (Institut national du sport, de l’expertise et de la performance) depuis près d’un an. Au sein de cet institut, il fait partie d’un groupe d’une quinzaine de sportifs de haut niveau dirigé par Michel Chretien, entraîneur de l’Équipe de France.
Issu d’une famille de très bons nageurs, Alexandre a été plongé dans le monde de la natation à l’âge de 6 ans, tout en pratiquant le football pendant quelques années. « Aujourd’hui encore, le football occupe une place importante dans ma vie, je continue de suivre le PSG quand j’ai le temps ». Dès l’âge de 12 ans, il décide de se consacrer exclusivement à la natation, établissant déjà une Meilleure Performance Française (MPF) de sa catégorie d’âge au 100m nage libre lors des Championnats de France. « Depuis mes débuts, j’ai toujours été doué. Je nageais à Boulogne, et en l’espace d’un mois ou deux, je suis devenu le meilleur nageur de mon groupe ».
Après quelques années passées à l’ACBB, il a décidé, avec son frère, de s’engager à Courbevoie (Stade Français). « C’est un très bon club. Je suis arrivé avec un premier coach pendant une demi-saison, puis j’ai continué avec Sofiane Daid, qui reste toujours mon coach en club. C’est un très bon entraîneur qui m’a fait progresser et m’a permis d’intégrer l’INSEP au Bois de Vincennes ».
L’INSEP, un tremplin vers le haut niveau
La saison 2022-2023 a été marquée par des performances exceptionnelles pour lui. Aux Championnats de France Juniors, en bassin olympique, à Chartres en avril 2023, il a battu ses meilleurs chronos personnels sur 50, 100 et 200m nage libre, et a été sélectionné pour les Championnats d’Europe Juniors à Belgrade, où il a remporté 3 médailles en relais.
Au vu de ses performances, Alexandre a intégré l’INSEP en septembre dernier. Un changement total d’un point de vue sportif, car depuis son arrivée, le Clodoaldiens n’a cessé d’améliorer ses chronos. « Sur 200m, en petit bassin, j’ai gagné environ 7 secondes en 1 an et demi. Je me suis amélioré dans toutes mes courses, surtout dans ma spécialité, le crawl. » « Pour me perfectionner, je dois maintenant travailler ma coulée car je suis un nageur de surface ».
Mais cette amélioration n’est pas le fruit du hasard. Notre Stadiste est passé de 6 à 11 entraînements par semaine (du lundi au samedi matin), avec des séances de musculation en complément. Cela représente plus d’une vingtaine d’heures hebdomadaires. Les week-ends, contrairement à certains de ses camarades, quand il n’est pas en compétition, il rentre chez lui et retrouve sa famille, ce qui a facilité sa condition de pensionnaire et protège son équilibre.
En plus de ce rythme effréné, Alexandre doit également être assidu dans sa scolarité. Actuellement en classe de terminale option mathématiques et physique-chimie, le futur bachelier aimerait poursuivre ses études supérieures dans le domaine des sciences. Pour l’aider, l’INSEP aménage ses heures de cours, principalement le matin après une première séance d’entraînement. « C’est important pour moi de continuer les cours, et l’INSEP fait en sorte de présenter des écoles (postbac) me permettant de concilier sport de haut niveau et études. Hier, par exemple, nous avons eu une intervention sur un nouveau Bachelor créé par l’ESSEC et Science Po ».
Pour la fin de la saison, Alexandre a des objectifs clairs : les Championnats de France Junior à Chalon-sur-Saône, qualificatifs pour les Championnats d’Europe, puis les Championnats de France Élite à Chartres, mais aussi… le baccalauréat.
Mathis POIROT GODOY
Théodore Langhade : les Jeux, un tremplin pour le Hockey sur Gazon ?
Dans la famille Langhade, le hockey sur gazon est une véritable passion. On pourrait même dire qu’ils sont nés « avec et dedans » ! Avant même sa naissance, le destin de Théodore était tout tracé. « Mon père a pratiqué depuis très jeune. À Asnières, il a créé une petite école de hockey, et tous mes frères, sœurs et moi avons commencé ensemble ». Dès l’âge de 5 ans, Théodore manie la crosse, et depuis, il ne l’a jamais lâchée. « Étant jeune, j’ai aussi pratiqué le tennis, mais il est venu un moment où je jouais à un bon niveau et je ne pouvais plus concilier les deux. Je préférais le collectif et l’esprit d’équipe ».
Grâce à sa précocité, le jeune joueur de 20 ans a pris de l’avance sur ses coéquipiers et adversaires, et très vite, il accède aux championnats nationaux avec le Stade Français. Cette progression lui a même permis d’intégrer l’Équipe de France moins de 16 ans. « Je devais participer à la Coupe d’Europe mais malheureusement je me suis blessé juste avant. En préparation, nous jouions contre l’Allemagne, l’Australie… Ce sont des souvenirs qui restent gravés à jamais car ce sont des adversaires qui ont une expérience différente, le hockey a une place importante dans ces pays ».
Le dilemme du sport/études
Dans la continuité de sa très bonne progression, l’année dernière, il a intégré le pôle France -21 ans à Châtenay-Malabry. « Je m’entraînais là-bas en plus de mon club, cela m’a vraiment fait progresser techniquement et physiquement. Je jouais avec des joueurs très différents, cela m’a beaucoup apporté ». Mais depuis le mois de septembre, notre attaquant n’a pas reconduit sa formation sportive au sein du pôle. « Des semaines à près de 16 heures, c’est un rythme assez intense et très épuisant. Difficile pour moi de concilier études et sport en termes d’horaires ».
En parallèle de sa vie de sportif de haut niveau, Théodore Langhade est aussi étudiant à l’université Paris Dauphine en économie et gestion. Il suit une formation en horaires aménagés et souhaite poursuivre dans ce domaine après l’obtention de sa licence. La tête sur les épaules, notre stadiste sait que vivre du hockey en France est très compliqué, voire quasi impossible. Il faudrait s’expatrier dans des pays comme la Belgique ou encore les Pays-Bas qui commencent à professionnaliser la pratique. La priorité de Théodore Langhade est de concilier sport/études et pour l’instant il y arrive, il espère continuer encore quelques années.
« Nous sommes fiers d’être dans le club, mais nous ne pouvons pas nous cacher derrière son image »
Actuellement en Nationale 1 dans le club le plus titré de France, le Stade Français (24 titres messieurs et 44 titres dames), le jeune joueur espère pouvoir retrouver le plus haut niveau dès la fin de la saison.
L’année passée, le club évoluait en Élite mais a connu une saison difficile et a donc été rétrogradé. Théodore et ses coéquipiers sont mobilisés à redynamiser cette section. « Nous sommes fiers d’être dans le club, mais nous ne pouvons pas nous cacher derrière son image. Il faut que nous redevenions compétitifs et que nous remportions à nouveau des titres ».
Deuxième au classement, à 7 points du leader Douai, la première partie de la saison semble s’être bien déroulée malgré quelques faux pas. « Nous visons la remontée donc nous sommes attendus chaque week-end. Il faut rester constants pour retrouver l’Élite ».
Espoir et développement autour des Jeux Olympiques
« Il y a 5 ans, nos amis nous demandaient « c’est quoi le hockey, tu as des patins ? » maintenant ils disent « ah stylé, j’en ai vu sur la chaîne l’Équipe ». Ça prend de l’ampleur, c’est cool de voir ça ». Pour Théodore Langhade comme pour tous les pratiquants français, l’attente des Jeux Olympiques est immense en raison des retombées qu’ils peuvent générer. Sportivement, la lumière de cet événement peut permettre à de nombreux jeunes de se lancer et de découvrir le hockey sur gazon. C’est d’ailleurs ce qu’espère le 5ème meilleur buteur du championnat de Nationale 1, « Il y a des attentes énormes concernant l’équipe qui participera cet été. J’espère qu’ils pourront ramener de nouveaux joueurs et rendre le championnat encore plus compétitif ».
Les deux équipes de France seniors, hommes et femmes, sont qualifiées pour les Jeux Olympiques de Paris 2024. Il s’agit de la toute première participation pour l’équipe féminine tandis que les hommes n’avaient plus atteint le sommet depuis Munich en 1972. Les compétitions se dérouleront au Stade Yves-du-Manoir de Colombes, un stade mythique qui accueillait déjà, il y a un siècle, les Jeux Olympiques d’été de 1924 !
En attendant cet événement quadriennal et en se projetant vers l’avenir, Théodore et ses coéquipiers ont un objectif à atteindre en fin de saison… et nous sommes tous derrière eux pour les aider à faire briller le Stade Français !
"Arthur Horseau : « J’aime transmettre à la jeunesse et ils me le rendent bien »
“Quand j’ai commencé le sport-études triathlon, je partais avec un handicap qui était de me retrouver face à des plus jeunes que moi qui étaient déjà champions de France dans leurs catégories”. Sportif depuis sa plus tendre enfance, Arthur Horseau n’a découvert le triathlon qu’à l’âge de 15 ans. Après de multiples expériences en judo, squash, tennis ou encore canoë-kayak, c’est dès sa première expérience en triathlon qu’il tombe amoureux du triple effort. « Un membre du club où j’étais m’a mené dans un raid aventure (VTT, canoë, course à pied), je cochais déjà les 2 premières cases et je me suis mis un peu à courir pour préparer l’épreuve. Ça m’a beaucoup plu et en prime, nous avons remporté la compétition au scratch ».
Petit à petit, Arthur continue sa progression et ne cesse de gravir les échelons. Étudiant en STAPS à Montpellier (seule ville où l’option triathlon est proposée), il intègre tout d’abord l’équipe locale en deuxième division et devient l’un des acteurs majeurs de sa montée en division 1. Pendant deux années, il continuera son évolution en division 1 et en 2022, deux ans après ses premiers pas professionnels, sa carrière démarre en longue distance sur des chapeaux de roue grâce à une victoire sur le 70.3 d’Aix-en-Provence (1,9 km de natation, 90 km de vélo et 21,1 km de course à pied). « Au départ, je n’osais pas trop rêver mais je me disais que si j’avais l’opportunité d’être professionnel, je la saisirais. C’est ce que j’ai fait et je ne le regrette absolument pas ». Dans sa quête des sommets, l’originaire de Royan en Gironde, réalise son premier IronMan (3,8 km de natation, 188 km de vélo et 42,1 km de course à pied) à Nice et comme un symbole, son premier podium.
« Être présent sur des événements comme le cross-triathlon j’aimerais le faire plus souvent »
À la suite de ses très bons résultats, Arthur Horseau est approché par le Stade Français qui souhaite mettre au centre de son projet le « longue distance ». Devenu rapidement une des références de cette discipline en France, le triathlète séduit par la proposition et l’esprit du club s’engage à nos côtés. La transmission et la formation étant des éléments centraux au SF, Arthur mènera également des actions auprès de la jeunesse. « Le club ne voulait pas que je sois simplement une image, il voulait que je m’intègre pleinement avec les plus jeunes… c’est également ce que je voulais faire ».
C’est pourquoi, durant la semaine du 22 avril, Arthur a mené différentes campagnes avec le Stade Français. Il est d’abord allé dans une école primaire, dans le but afin de sensibiliser la jeunesse au sport et d’évoquer son parcours. Il a également suivi les entraînements de l’école de triathlon où il a pu prodiguer de précieux conseils et apporter son expérience.
Enfin, le week-end du 27 avril, en Guest Star du cross-triathlon, Arthur était présent pour échauffer les jeunes stadistes et permettre aux 500 athlètes venus d’Île-de-France de le rencontrer et d’échanger avec lui. « J’aimerais être plus souvent présent sur ce type d’événement même si c’est compliqué avec mon emploi du temps. Il y a une vraie transmission de mon expérience et ils me le rendent bien ! Ils sont très curieux de mon parcours et rigoureux dans leur pratique »
2023 : l’année des records
Aujourd’hui, même si Arthur Horseau est professionnel « que » depuis quelques années et qu’il a connu un début de carrière compliqué pour cause de COVID, l’année 2023 peut potentiellement représenter une année référence pour lui. Au mois de mai, il devient vainqueur de l’Ironman de Lanzarote aux Canaries et démontre une facilité déconcertante en établissant le nouveau record de la compétition 8h22mn31s.
Quelques mois plus tard, notre stadiste s’adjuge le mythique Embrunman, disputé sur la même distance, avec le franchissement du col de l’Isoard pulvérisant aussi le record de la compétition. Sorti en neuvième position de l’eau, le sociétaire du Stade Français a tout bonnement battu le record de l’épreuve sur la partie vélo (5h30’18 ») retranchant plus de sept minutes à la marque de Félix Pouilly établie en 2021.. Il s’est ensuite montré solide en course à pied, malgré la chaleur extrême. Quelle performance !
Pour la nouvelle saison, qui débute dans quelques semaines, Arthur ne compte pas se reposer sur ses lauriers et s’est fixé un objectif clair : faire mieux que l’an passé ! Pour cela, il faut gagner à nouveau sur l’archipel des Canaries dans 3 semaines et faire mieux qu’une 6ème place aux Championnats du Monde… Ce ne sera pas une chose facile mais grâce à un calendrier plus approprié, notre champion semble très confiant. « Pour cette nouvelle saison, je sens que j’ai fait des progrès et j’aimerais voir ou ça me mène. J’ai encore une très grande marge de progression, ça présage un bel avenir si je suis épargné par les pépins physiques. »
Rendez-vous donc le 18 mai 2024 pour lancer le ton d’une saison qu’on espère pour lui exceptionnelle !
Samith Madusanka : "je vais continuer de progresser et me donner les moyens de réaliser mon rêve, les JO 2028"
Présentation
Je m’appelle Samith Madusanka, j’ai 27 ans et je suis srilankais. Je suis arrivé en France en 2022 pour rejoindre ma famille et pour progresser au lancer de poids afin de réaliser mon rêve, participer aux JO 2028.
Comment as-tu découvert le lancer de poids ?
Au Sri Lanka, j’ai d’abord pratiqué la natation, puis le cricket car il y a un très bon niveau et que c’est le sport national.
À l’âge de 13 ans, j’ai découvert le lancer de poids à l’école et j’ai tout de suite été à l’aise avec ce sport. Maintenant, je me rends compte que mon corps est adapté pour cette discipline.
Entre 13 et 17 ans, c’était vraiment du loisir et je lançais n’importe comment… sans technique. Quand j’ai commencé à remporter des compétitions à l’école, un peu avant ma majorité, j’ai pris conscience que je pouvais progresser.
Quel bilan tires-tu de ta première année sportive en France ?
Ce que je juge le plus important, c’est que j’ai changé ma technique. J’ai commencé à apprendre les rotations en France, au Sri Lanka je ne le faisais pas. Cela m’a fait beaucoup de bien et m’a permis (entre autres) de remporter les Championnats de France hivernaux.
Comment s’organise tes semaines d’entrainements ?
C’est un rythme assez intense et des semaines assez compliquées. Je m’entraine le matin à la salle de musculation du Stade Français et l’après-midi je lance. Le soir, je travaille jusqu’à 00h dans un restaurant, ce n’est pas un rythme adapté pour mes attentes sportives.
J’aimerais m’entrainer plus, mais le problème est que je dois gagner ma vie.
Je m’entraine avec mon coach que 2 fois par semaine, ce n’est pas assez du tout. Si je veux atteindre mes objectifs et réaliser des performances comme les athlètes « au-dessus » de moi je dois lancer tous les jours.
Quel est le chemin à suivre dans les années à venir ?
M’entrainer plus, essayer de trouver des financements pour pouvoir réussir à devenir un sportif de haut niveau. Idéalement, mon but est de libérer 2 jours dans la semaine pour m’entrainer plus. Ensuite réaliser mon objectif, participer aux Jeux Olympiques 2028.
Depuis quand as-tu les JO 2028 dans le viseur ?
Depuis 2017, j’ai un plan de prévu. Les JO de Paris était trop proche, je n’ai pas les papiers français et je n’ai pas assez de temps pour me préparer. 2028 me laisse le temps de tout prévoir.
Dans ma tête, j’ai les capacités pour réussir et pour pouvoir le faire. J’ai réussi à arriver jusqu’ici sportivement, donc je vais continuer de progresser et me donner les moyens de réaliser mon rêve.
Quel est ton record ?
Mon meilleur résultat au Sri Lanka, lors des jeux nationaux est de 17,36m. En France, mon record est de 16,96m.
Je suis encore conscient que je dois progresser et à long terme, je souhaiterais atteindre 21m.
Qu’est ce qui te manque pour atteindre cet objectif ?
Du temps, du travail, du repos et j’ai besoin d’accompagnement comme un kiné ou encore un diététicien. J’ai besoin d’une vraie équipe autour de moi pour pouvoir y arriver.
Financièrement, c’est aussi un problème. Mon travail ne me permet pas de vivre et de pouvoir dépenser de l’argent pour tous les à-côtés que le sport demande.
Je vais continuer de travailler intensément pour y arriver et ça finira par payer !
Amandine Buchard : « Je suis fière d’être au Stade Français, très fière »
Arrivée le 11 octobre dernier au Stade Français, Amandine Buchard, multiple médaillée olympique de judo, s’est livrée lors d’un entretien. Elle est revenue sur sa signature au Stade Français mais aussi sur son double projet pour les Jeux olympiques de Los Angeles 2028.
« Amandine Buchard rejoint le Stade Français dans les sections judo et au rugby » (L’Equipe, 11 octobre 2024), « Lancée dans un défi fou, Amandine Buchard signe une double licence rugby-judo au Stade Français » (RMC Sport, 11 octobre 2024), « Amandine Buchard rejoint le Stade Français pour mener un double projet olympique » (Le Dauphiné Libéré, 11 octobre 2024). Tous les médias se sont emparés de l’information, mettant le Stade Français au centre de l’actualité sportive vendredi 11 octobre dernier.
Après avoir annoncé son double projet judo/rugby pour les Jeux olympiques de Los Angeles, Amandine Buchard était suivie de près par les médias, qui attendaient de connaître l’identité du club qui l’accompagnerait dans ce défi. Quelques jours après l’officialisation de son arrivée, Amandine Buchard s’est exprimée au micro du Stade Français pour revenir sur sa signature au club mais aussi sur son double projet.
« C’est un club très humain »
Pourquoi avoir choisi le Stade Français et pas un autre club ? La Française a évoqué plusieurs raisons à ce sujet. « C’est l’un des premiers clubs qui m’a tendu la main après les Jeux olympiques parce que je me suis retrouvé sans club après avoir annoncé mon double projet […] Le Stade Français a répondu présent tout de suite, ils ont été à mon écoute, ils avaient vraiment envie de m’aider. Les choses se sont faites naturellement et aujourd’hui je suis ravie d’être à leurs côtés. »
Si elle n’est arrivée que récemment, la judoka française a déjà de très bonnes impressions concernant le Stade Français. « C’est un club très humain, c’est-à-dire qu’on communique et on échange beaucoup, ils ont été à l’écoute de mes besoins. J’aime beaucoup tous ces échanges, ils cherchent à me mettre dans les meilleures conditions et c’est ce que j’apprécie énormément. Je suis très contente d’être ici, cette arrivée me booste pour les semaines et mois à venir, je suis fière, très fière. »
« C’était une évidence pour le rugby »
En signant au Stade Français, Amandine Buchard arrive avec un projet d’envergure pour les Jeux olympiques de Los Angeles 2028. « Dans le passé, j’ai fait du rugby pendant quatre ans mais j’ai dû arrêter parce que je suis rentré en structure de haut niveau pour le judo. Avant les JO 2024, j’ai eu un petit coup de mou parce qu’on avait beaucoup de pression, j’avais beaucoup d’anxiété par rapport à l’arrivée de ces Jeux olympiques et j’ai eu le besoin d’exercer une activité ressource. »
Un besoin qui a finalement fait naître une grande idée. « J’en ai parlé avec ma psychologue et mon préparateur mental qui étaient en accord avec moi sur ce sujet. Je n’ai pas hésité, j’ai choisi le rugby, j’ai repris en janvier dernier et ça a été comme une illumination pour moi, je me suis rendu compte que ça m’avait vraiment manqué. À partir de ce moment a fleuri cette idée de « Je prends tellement de plaisir, ça me fait tellement de bien, pourquoi pas plus. » […] J’ai toujours cette envie de gagner et de progresser, c’était une évidence pour le rugby. Je me suis dit « Écoute, pourquoi pas, ce ne sont pas les mêmes dates, tu as déjà l’habitude des Jeux olympiques, pourquoi pas essayer de te qualifier aux Jeux olympiques en judo et en rugby. » »
En combinant désormais deux sports à plein temps, la gestion du planning va être une clé essentielle si la néo-stadiste veut mener à bien son projet. « Ce qui va être important, c’est que les Fédérations Françaises de Judo et de Rugby ainsi que mes clubs communiquent bien ensemble. Cela va être important qu’on travaille tous ensemble, c’est-à-dire que moi, en tant qu’athlète, je suis au centre du projet. Tous ensemble, il faut qu’on communique, qu’on travaille et qu’on aménage les choses pour que je sois épanouie et performante dans les deux sports. »
L’envie d’arriver avec un sentiment de légitimité chez les Pink Rockets
Avant les Jeux olympiques de Los Angeles 2028, du temps va s’écouler et Amandine Buchard a déjà des objectifs pour 2025. « En judo, l’objectif va être de participer aux Championnats d’Europe, Championnats du monde et Masters. L’avantage, c’est que les Championnats d’Europe tombent mi-avril donc j’aurai eu l’opportunité de faire une bonne saison de rugby. Ce qui est cool, c’est que les matchs de rugby sont en début de saison et en début d’année donc c’est parfait, ça va matcher avec le judo. »
Les objectifs sont forcément d’une dimension moindre côté rugby pour l’année à venir. « J’ai une double appartenance avec Noisy-le-Grand (Fédérale 2), qui est en partenariat avec les Pink Rockets (Elite 2). J’avais demandé de continuer à jouer avec elles (les joueuses de Noisy-le-Grand) pour engranger un maximum d’expérience, bien me familiariser avec les règles d’arbitrage, pour pouvoir arriver la plus complète possible au Stade Français. Cette saison je ferai des matchs avec Noisy, d’autres avec le Stade Français, et ce sera pareil pour les entraînements. Avec Noisy, je vais m’entraîner le lundi et jeudi, avec les Pink Rockets, ce sera le mardi, mercredi et vendredi […] Je vais arriver chez les Pink Rockets avec la légitimité de dire « je n’arrive pas sans rugby, j’ai quand même travaillé pour pouvoir arriver avec un certain niveau pour être à votre hauteur. » »
« Dans cinq minutes on repart parce qu’on pourrait perdre encore plus »
Après avoir évoqué le futur, Amandine Buchard est revenue sur le passé et sur la médaille de bronze acquise dans la catégorie des -52 kg en judo, lors des Jeux olympiques de Paris 2024, après une dure journée. « C’était très dur psychologiquement car c’est un mélange de pleins d’émotions. Il y a l’excitation et l’adrénaline de vouloir combattre devant ce public incroyable mais aussi toute cette pression et cette anxiété sur le côté « on doit performer, on doit gagner ». On a l’impression de devoir quelque chose aux gens alors que si l’on doit quelque chose, c’est à nous même, par rapport aux objectifs qu’on s’est fixé. »
Beaucoup de positif est à tirer de ces moments difficiles pour la Française. « Je suis vraiment heureuse d’avoir pu trouver les ressources pour me remobiliser (après sa défaite en demi-finale du tournoi olympique) et repartir au combat. Avec mon entraîneur, on a parlé et il m’a dit « Tu cries, tu pleures, tu parles, tu extériorises mais dans cinq minutes on repart parce qu’au final on pourrait perdre encore plus et ce serait vraiment dommage de repartir de ces Jeux sans médaille. » Après ça, je me suis dit « C’est bon, je switch, de toute manière je ne peux pas changer le passé, par contre il y a une médaille à aller chercher et il n’y a pas d’autre option, il faut la médaille. » »
Retrouvez l’interview d’Amandine Buchard en vidéo et en intégralité sur la chaîne Youtube du Stade Français en cliquant ici.
Lohan Lebreton
Myriam Enmer : « En France, on est sur une bonne dynamique »
Myriam Enmer, 27 ans, est licenciée au Stade Français dans les sections Squash et Tennis. La Stadiste est une sportive de haut niveau puisqu’elle est championne du monde et championne de France d’une discipline encore méconnue : le racketlon.
Le racketlon, qu’est-ce que c’est ? « C’est le mélange des quatre sports de raquette donc tennis de table, badminton, squash et tennis. Ça se joue toujours dans cet ordre-là, donc de la plus petite raquette à la plus grande », explique Myriam Enmer.
À 27 ans, la Stadiste (licenciée au Stade Français dans les sections Squash et Tennis), championne du monde et championne de France de racketlon, est une spécialiste de la discipline, c’est le moins que l’on puisse dire. « On joue un set de 21 points dans chaque sport, contre le même adversaire, avec une petite spécificité, c’est qu’il y a deux services chacun, donc ça change un peu des règles habituelles des autres sports où cela ne se joue pas forcément de cette façon. L’autre spécificité, c’est que s’il y a plus de 21 points d’écart après le tennis de table, le badminton et squash, il n’y a pas de tennis, parce qu’en fait, même si l’autre joueur gagne 21-0, c’est irratrapable, le retard étant trop conséquent. »
Voilà pour la présentation de cette jeune discipline encore méconnue du grand public. « En 2015, pour donner une petite idée, les premiers tournois français ont eu lieu. En 2015/2016, il y avait peut-être un ou deux tournois en France. En 2024 et même 2025, je pense qu’on va être à une vingtaine de tournois donc ça grandit et je pense que ça va continuer. En tout cas, en France, on est sur une bonne dynamique », confie Myriam Enmer.
Une discipline précaire
Comment la Stadiste en est-elle arrivée à pratiquer le racketlon ? « En fait, je viens du tennis. C’est mon premier sport. J’ai fait mon sport étude, etc. et après, à la fac, en STAPS, j’avais décidé d’arrêter le tennis parce que financièrement, c’était compliqué, on en revient toujours au même. En STAPS pour le CAPEPS, il n’y avait pas de tennis. J’ai donc choisi la spécialité badminton parce que dans ma tête, je me suis dit que le badminton, ça se rapproche le plus du tennis. Ensuite, je me suis inscrite en club et j’ai repris les compétitions que j’avais arrêté en tennis complètement […] Dans mon club de badminton, à Dijon, l’actuel numéro 2 français de racketlon (Damien André), faisait déjà du racketlon donc ça, c’était en 2017/2018 et c’est lui qui m’en a parlé la première fois parce qu’il venait aussi du tennis et s’est inscrit en badminton. Lui, c’était pareil que moi par rapport au CAPEPS. Au départ, je ne voulais pas trop parce que comme je disais, le squash, je ne connaissais pas, enfin, j’en avais peut-être fait une ou deux fois mais tu vois, ça fait un peu peur. Tu es réticent, tu ne sais pas trop, tu ne connais pas trop de clubs de squash. Et 2 ans plus tard, on a fait un stage avec Damien et d’autres français à l’Alpe d’Huez où on a fait les 4 raquettes pendant une semaine Et c’est à partir de ce moment-là où j’ai aimé et je me suis lancée. »
Bien qu’elle soit la meilleure française et l’une des meilleures joueuses du monde, Myriam Enmer ne vit pas de son sport. « C’est difficile. En fait, le seul point négatif du racketlon, c’est que tu ne gagnes vraiment pas d’argent. Au tennis, ils touchent des sommes astronomiques à très haut niveau mais même à un très bon niveau régional, tu peux quand même rembourser une partie de tes frais. Au racketlon, pour l’instant, il n’y a pas d’argent. Il y a deux ans au championnat du monde, il y avait une petite somme mais c’est vraiment le point négatif. »
Du positif est cependant à tirer de cette absence d’argent. « On en parle souvent entre joueurs mais le fait qu’il n’y ait pas l’argent qui rentre en compte contribue quand même à la bonne ambiance, alors que c’est vrai qu’on sait très bien que dans chaque sport de haut niveau, plus ça monte, plus c’est la bagarre et c’est normal. Là, au moins, il n’y a pas l’argent qui rentre en jeu et je pense que ça fait que les gens sont assez fair-play, bienveillants. Ça, c’est cool, ça donne vraiment envie de continuer la discipline. »
Pour essayer de financer ces compétitions, Myriam Enmer a eu une idée. « Je lance un site internet pour essayer d’avoir deux ou trois sponsors. Je ne sais pas ce que ça va devenir du tout, je vais tenter. Même aux Jeux olympiques, on voit certains athlètes qui travaillent à côté donc on n’est pas les seuls comme ça. »
Ecoutez l’interview de Myriam Enmer en intégralité sur Spotify en cliquant sur le lien suivant : https://open.spotify.com/episode/3vi7yxHhGkyNBUWShuTH5k?si=-HuVusyPSNqko8ODK6gDfw
Pour en savoir plus sur notre Stadiste, rendez-vous sur son site internet : https://www.myriamenmer.com/
Emma-Lou Schindler : « J’ai une relation particulière avec le Stade Français parce que je suis une enfant du club »
Emma-Lou Schindler, capitaine du Stade Français Hockey, s’est livrée dans un entretien dans lequel elle évoque notamment la saison actuelle de son équipe mais aussi l’honneur de représenter un club au palmarès si important que le Stade Français.
Commençons par parler des actus récentes de ton équipe, vous évoluez en Nationale 1, la deuxième division française de hockey sur gazon, c’est la trêve et votre dernier match s’est soldé par une défaite 1-0 contre Lille.
C’est compliqué parce qu’on est descendu du championnat Elite donc on était censé être une équipe prometteuse en intégrant la Nationale 1. On a reconstruit toute une équipe après avoir perdu beaucoup d’anciennes joueuses donc aujourd’hui on travaille avec des joueuses qui sont beaucoup plus jeunes, moins expérimentées. La moyenne d’âge de l’équipe n’est même pas de 17 ans donc on a un groupe très jeune. On a une nouvelle coach, Philippine Berly, ancienne joueuse du Stade Français qui a joué en équipe de France pendant des années. Cela change aussi d’avoir une ancienne joueuse qui nous entraîne parce qu’il y a des nouveaux moyens d’apprentissage donc c’est compliqué pour nous toutes.
On est actuellement sixième (sur 10) au classement, je pense qu’on pouvait accrocher la troisième place avant la trêve si on n’avait pas fait quelques erreurs qui nous ont fait perdre beaucoup de points. On va travailler et même si ce n’est pas sûr qu’on remonte en Elite cette année, on peut prétendre au top 3. On a une équipe prometteuse avec deux joueuses qui sont en équipe de France chez les jeunes et on a aussi des joueuses qui ont joué des Coupes d’Europe donc c’est une équipe qui est en construction mais qui va aussi se construire pendant la trêve. On va travailler pour revenir plus fortes et peut-être montrer un peu plus nos capacités que lors de lors de la première partie de saison. Malgré tout, pour une équipe aussi jeune et qui a perdu plusieurs éléments, la sixième place est loin d’être ridicule.
Votre équipe est assez jeune cette saison, est-ce que le manque d’expérience vous a fait perdre des points sur certaines rencontres ?
Je pense que l’expérience est un facteur hyper important dans un sport collectif comme celui-là. Il y a des équipes jeunes et moins jeunes dans notre championnat. Certaines équipes ont d’anciennes joueuses internationales dans leurs rangs donc c’est assez compliqué. Je pense aussi qu’on n’a pas la même implication quand on est jeune dans le sens où on n’a pas forcément connu le haut niveau ce qui rend compliqué la gestion des moments plus durs. Sur des matchs où on est à égalité et qu’il faut absolument marquer, quand tu as 15 ans, évidemment que c’est plus compliqué pour toi de savoir ce que tu dois faire à ce moment-là que pour une joueuse qui a joué en équipe de France ou qui a plus d’expérience et qui a dû marquer sur des moments importants. Je pense cependant que c’est essentiel d’avoir une équipe jeune comme la nôtre parce que c’est une équipe qui va construire et qui va grandir ensemble. On va perdre peu de joueuses parce qu’on va toutes jouer ensemble, je pense, pendant encore 10 ans.
C’est un projet sur la durée ?
Exactement, c’est d’ailleurs l’objectif de notre coach, on en a beaucoup discuté et elle espère vraiment construire une équipe avec toutes les joueuses qu’elle a à sa disposition aujourd’hui et il y a vraiment un projet sur le long terme.
Tu es la capitaine du Stade Français Hockey, peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaîtraient pas ?
J’ai une relation particulière avec le Stade Français parce que je suis une enfant du club. Mes grands-parents sont passés par le club, mon père aussi et mon frère est capitaine de l’équipe masculine du Stade Français donc c’est vraiment une histoire de famille. J’ai commencé tard parce que je pense que j’étais un peu rebelle et j’en avais marre d’entendre tout le monde parler de hockey dans la famille. J’ai pratiqué différents sports (danse, natation synchronisée, athlétisme), on a déménagé en Suisse pendant trois ans et là j’ai intégré le club du Stade Lausanne en hockey sur gazon à l’âge de 11 ans. Je me suis prise de passion pour ce sport parce que je n’étais pas contrainte, j’ai juste voulu le faire de mon plein gré. Ce n’était pas dans mon club donc j’avais aussi moins de pression. J’ai réellement commencé au Stade Lausanne même si j’avais un peu joué au Stade Français mais l’envie n’était pas là à l’époque. Quand je suis revenu à Paris, en 2016, j’ai fait mon retour au Stade Français et là je ne pouvais plus m’arrêter.
J’ai joué en U16, j’ai fait les sélections Île de France, les Championnats de France, j’ai été rapidement surclassé en Elite (niveau de l’équipe séniors à l’époque) et c’était une époque où la section féminine du Stade Français terminait toujours dans le top 4, j’étais avec des joueuses très expérimentées dont mon actuelle coach, Philippine Berly, avec qui j’ai joué et qui est aussi ma cousine, on en revient encore à cette histoire de famille (rires).
Cela fait 103 ans que la première équipe féminine du Stade Français Hockey a été créée, qu’est-ce que cela fait de représenter un club historique de la discipline ?
C’est un honneur parce que c’est un club qui est familial, ma grand-mère a porté les couleurs du Stade Français elle aussi. Notre section féminine est la plus titrée en France donc quand on reçoit nos adversaires à domicile, on voit toujours ce cadre avec tous les titres qui y sont inscrits. C’est impressionnant et ça nous pousse à nous dépasser encore plus pour représenter ce club de la plus manière possible.
On est redescendue Nationale 1 mais je pense que ça montre aussi la force de ce club. On réussira à remonter en Elite et on pourra construire un projet avec l’équipe qu’on a aujourd’hui. Je pense que ça montre que c’est un club qui est important en France et qui l’est pour nous toutes. Personnellement, quand je porte ce maillot et mon brassard de capitaine, je suis une amoureuse du club donc je me donne à 100%, c’est quelque chose qui est très important et pour beaucoup de joueuses de l’équipe.
Le palmarès du Stade Français et le côté historique de la section pèsent-ils dans le choix de certaines joueuses qui vous rejoignent ?
C’est vrai qu’il y a notamment beaucoup de joueuses étrangères qui nous contactent pour intégrer le club mais le problème est que le Stade Français est compliqué d’accès. Les étrangères ne peuvent pas faire des heures de trajets pour venir aux entraînements. Depuis que je suis arrivé, j’ai toujours joué avec des joueuses de différentes nationalités, cette saison c’est la première fois que notre effectif est 100% français. On essaie tout de même de faire de venir des joueuses des clubs alentours et, même si en ce moment c’est plus compliqué, le but l’été prochain sera de travailler pour pouvoir attirer des pépites françaises et étrangères afin de faire grimper encore plus le club.
Comment gérer l’exigence du niveau national avec notamment des longs trajets sur plusieurs week-ends alors que le hockey n’est pas votre activité principale ?
C’est très compliqué et c’est pour ça qu’on a besoin d’être impliquées à 100% mais parfois des joueuses ne peuvent pas être disponibles pour diverses raisons. Cette saison, il y a un week-end où nous sommes parties le samedi pour affronter Mérignac, juste à côté de Bordeaux, on a dormi à Bordeaux le samedi soir puis on a joué le dimanche à Toulouse. C’est dur, c’est fatiguant mais c’est un sport collectif donc on est obligé de s’impliquer à 100% parce que si on ne le fait pas ça impacte toute l’équipe.
On a fait le plus gros en termes de déplacements lors de cette première partie de saison. En deuxième partie, il nous restera un gros déplacement à Antibes mais pour le reste les déplacements seront moins conséquents. Ce qui est aussi compliqué c’est qu’en plus du dimanche, une grosse partie du samedi est prise par le hockey puisqu’on a entraînement. Le samedi soir on ne va pas sortir jusqu’à 4h du matin parce qu’il y a match le lendemain avec des départs à 8h du matin parfois. C’est compliqué mais on le sait, chaque joueuse qui intègre l’équipe le sait. Aujourd’hui on y arrive, ça a toujours bien marché, on a quand même trois mois de trêve donc c’est énorme et on essaie d’expliquer à chaque fille qu’il y a trois mois d’implication, une pause de trois mois, à nouveau trois mois où il faut être impliquée puis une pause de deux mois pendant l’été. Cela ne fait pas une énorme coupure mais pour l’instant ça va, après il y a aussi les études à côté sur cet aspect là ça peut aussi être compliqué.
Si la contrainte des déplacements existe, on imagine aussi que ça peut souder un groupe parce que ça permet à l’équipe de passer de vrais moments ensemble ?
Franchement, ce sont aussi des moments qui sont exceptionnels. J’ai fait une Coupe d’Europe il y a quelques années donc quand on part en Coupe d’Europe on est à 100% avec le groupe. C’est assez long, ça demande de l’implication mais quand tu pars avec toutes tes copines, parce qu’il faut dire que c’est plus qu’une équipe ce sont des copines en fait, évidemment que tu prends du plaisir. Quand on a fait le double déplacement du côté de Bordeaux et Toulouse, c’était génial parce qu’on dormait toutes ensemble, on dînait, on parlait puis on redécouvre aussi son équipe autrement. Je pense aussi que c’est un aspect à la fois négatif et positif ce côté déplacement. Cela rapproche tout le monde et on peut découvrir chaque joueuse sous une autre facette, je trouve que c’est hyper important et intéressant d’avoir ces petits moments. Personnellement, j’aime bien les déplacements, ça peut paraître bizarre mais j’aime bien partir avec mon équipe.